Surnom | Jimi Hendrix |
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Prénom | James Marshall Hendrix |
Date de naissance | 27 novembre 1942, Seattle, Washington États-Unis |
Pays | Américain |
Genre | Rock psychédélique, blues rock, acid rock, hard rock, jazz électrique |
Activité | Auteur-compositeur-interprète, chanteur, musicien et producteur |
Instruments | Guitare électrique (Fender Stratocaster), chant et basse |
Années actives | de 1965 à 1970 |
Décès | 18 septembre 1970 (à 27 ans) Londres (Angleterre Royaume-Uni) |
Site officiel | www.jimihendrix.com |
James Marshall Hendrix, né Johnny Allen Hendrix le à Seattle (États-Unis) et mort le à Londres (Angleterre), plus connu sous le nom de Jimi Hendrix [?d???mi ?hendr?ks], est un guitariste, auteur-compositeur et chanteur américain, fondateur du groupe anglo-américain The Jimi Hendrix Experience, actif de 1966 à 1970. Malgré une carrière internationale longue de seulement quatre ans, il est considéré comme l'un des plus grands joueurs de guitare électrique et l'un des musiciens les plus importants du XXe siècle.
Afro-américain d'ascendance amérindienne, Jimi Hendrix est l'un des artistes les plus novateurs de la musique populaire de son siècle, notamment en raison de son approche révolutionnaire de son instrument et de ses techniques d'enregistrement originales en studio. Hendrix avait la particularité, pour un guitariste gaucher, de jouer le plus souvent sur une guitare de droitier, après avoir remonté ses cordes à la suite de cette inversion. Il lui arrivait néanmoins d'emprunter une guitare à un droitier et de jouer avec les cordes telles quelles. Improvisateur sortant des sentiers battus, il libéra la guitare solid body de ses contraintes en utilisant les ressources nées de l'amplification, notamment en domestiquant l'effet Larsen et en explorant toutes les facettes du maniement de la manette de vibrato ou de la pédale wah-wah.
Son influence dépasse largement le cadre de la musique rock : la plupart des styles musicaux qui se développèrent dans les années 1970 reprirent certains éléments de sa musique ; Miles Davis, notamment, joua ainsi un jazz électrique très marqué par le guitariste,. Son décès, survenant après celui de Brian Jones et précédant ceux de Janis Joplin et Jim Morrison participe au mythe fondateur du Club des 27.
Biographie
Origine et début
Jeunesse
Johnny Allen Hendrix naît le au King County Hospital de Seattle, dans l'État de Washington, aux États-Unis. Il est le premier fils d'un couple afro-américain, James Allen « Al » Hendrix (né le au Canada et mort le ,) et de Lucille Hendrix, née Jeter (née le et morte le , d'origine afro-américaine et cherokee).
La grand-mère paternelle de Jimi, Zenora « Nora » Rose Moore (née le en Géorgie), était la fille de Robert Moore Sr. (natif de Géorgie) et de Fanny Moore (originaire de l'Ohio) et avait par cette dernière une ascendance Cherokee ; tandis que son grand-père paternel Bertran Philander Ross Hendrix (né « Hendricks » en 1866) était métis, issu d'une relation extraconjugale entre une femme noire, nommée Fanny, et un marchand de grains blanc, le plus riche homme d'affaires de la région, vivant à Urbana dans l'Ohio. Ross Hendricks quitta sa région natale en 1896 pour s'installer à Chicago où il fit modifier son patronyme en « Hendrix ». Ross et Nora, tous deux comédiens ambulants, se rencontrèrent lors d'une tournée entre Portland et Seattle, ville dans laquelle ils se marièrent en 1912. Puis ils émigrèrent quelques mois plus tard à Vancouver au Canada où ils donnèrent naissance à leurs cinq enfants entre 1912 et 1926 (une fille et quatre garçons dont le père de Jimi). Le 28 novembre 1922, Ross et Nora Hendrix sont officiellement naturalisés et obtiennent la citoyenneté canadienne. Ross est mort d'une rupture de l'aorte en 1934 et Nora mourut d'un cancer à Vancouver à l'âge de 100 ans en 1984. Après la mort de leur père, les enfants de Ross et Nora partirent dans différentes directions. Le benjamin de la fratrie, Al, le père de Jimi, effectua quelques petit boulots dans la région de Vancouver, avant de se lancer dans une carrière de boxeur qui l'amena à revenir à Seattle en 1936 où il s'installa définitivement en 1940.
Les parents de Jimi se sont rencontrés lors d'un bal à Seattle en 1941, lorsque Lucille avait 16 ans. Al Hendrix ne rencontre son fils que trois ans plus tard, car il est pris par ses obligations militaires, cantonné dans une base militaire en Oklahoma. Quant à Lucille, incapable d'assumer l'éducation de son fils à cause de son problème d'alcoolisme, elle ne s'en occupe pas. Démobilisé, Al Hendrix récupère Johnny, qu'il rebaptise James Marshall en mémoire de son frère décédé Leon Marshall Hendrix, et propose à Lucille de s'installer ensemble. Celle-ci donne naissance à Leon Hendrix en 1948. Cependant, le couple s'entend très mal, ne cesse de se disputer et finit par divorcer le ,.
James est profondément affecté par les conditions de pauvreté et la négligence dans lesquelles il a grandi, mais aussi par les troubles familiaux qu'il a vécus dans son enfance, le divorce de ses parents lorsqu'il a neuf ans, et surtout le décès de sa mère, alcoolique, en février 1958. Hendrix est battu à maintes reprises par son père, Al Hendrix, qui souffrait lui aussi de graves problèmes d'alcool. Le fait qu'Hendrix ait vécu son enfance à Seattle explique peut-être la facilité avec laquelle il a réussi à transgresser les diverses barrières raciales ou culturelles. En effet, il a vécu dans un quartier où les échanges entre communautés étaient constants. Certes il y avait de la ségrégation, mais dans des proportions infiniment moindres que dans le Sud. James lui-même est d'ascendance mélangée, noire, blanche et amérindienne.
Son premier instrument de musique est un harmonica offert par son père pour ses 4 ans, mais il s'en lassera vite. Il acquiert alors sa première guitare à quinze ans (une acoustique achetée pour 5 dollars à un ami de son père), remplaçant avantageusement le ukulélé à une seule corde que son père lui avait donné après l'avoir surpris en train de jouer avec un balai. Dès lors, il apprend la guitare en autodidacte en y consacrant tout son temps libre. Ses résultats scolaires s'en ressentent rapidement, mais Hendrix a désormais une obsession : devenir musicien. Assez rapidement, le jeune Jimmy (pas encore « Jimi ») rejoint son premier groupe, The Velvetones. Il se procure sa première guitare électrique, une Supro Ozark 1560S, qu'il utilise avec son groupe suivant, The Rocking Kings.
En 1961, mêlé à une histoire de voiture volée, Hendrix préfère s'enrôler dans l'armée plutôt que de risquer la prison. Il y rencontre le bassiste Billy Cox. En novembre 1962, il obtient le droit de porter l'écusson des Screaming Eagles, la 101e division aéroportée. Affecté à Fort Campbell (Kentucky), Hendrix forme The King Casuals avec Billy Cox à la basse,. Il quitte l'armée deux ans plus tard à la suite d'une blessure. Hendrix raconte dans une interview qu'il a été réformé en raison d'une blessure au dos consécutive à un saut en parachute. Il existe une controverse sur ce point, en effet Hendrix aurait essayé de quitter l'armée en se faisant passer pour homosexuel.
Débuts
Hendrix travaille comme guitariste, sous le nom de Jimmy dans divers groupes de rhythm and blues qui tournent dans ce qu'on appelle alors le Chitlin' Circuit (le circuit des clubs fréquentés par les Afro-Américains). Il enregistre à l'occasion en tant que musicien de session.
Fin 1965, Hendrix joue avec certains musiciens de renom tels que Sam Cooke, Ike and Tina Turner (Kings of Rhythm), les Isley Brothers et surtout Little Richard. Ce dernier estime que Jimi se met trop en avant et décide de se passer de ses services. D'autres sources prétendent que Jimi Hendrix a été licencié par Ike Turner car le groupe Ike and Tina exigeait de la précision et que Hendrix ne pouvait s'empêcher d'improviser. En 1965, Hendrix rejoint Curtis Knight & The Squires, un groupe new-yorkais sans grande envergure. Le 15 octobre 1965, Hendrix signe un contrat d'enregistrement de trois ans avec un producteur nommé Ed Chalpin, pour seulement 1 dollar et 1 % de royalties des ventes des enregistrements effectués avec Curtis Knight. Sans incidence sur le coup, ce contrat a des conséquences désastreuses par la suite.
Installé à Greenwich Village, Hendrix décide de jouer sa propre musique et devient le leader de Jimmy James & The Blue Flames. Randy California, futur membre de Spirit, est guitariste au sein de ce groupe. Il n'existe aucun enregistrement amateur de ce groupe. Le témoignage de Mike Bloomfield permet toutefois de se faire une idée de la façon dont Hendrix joue en 1966 ; « La première fois que j'ai vu Jimi jouer, c'était avec Jimmy James & The Blue Flames. Je jouais avec Paul Butterfield et je pensais être le meilleur guitariste du coin ! Je n'avais jamais entendu parler d'Hendrix. Alors quelqu'un m'a dit : « Tu devrais aller écouter le guitariste de John Hammond.» J'étais au Cafe au Go Go et il était au Nite Owl ou au Café Wha?, j'ai traversé la rue et je l'ai vu. Hendrix savait qui j'étais, et ce jour-là, en face de moi, il m'a désintégré. Des bombes H dégringolaient, des missiles téléguidés volaient dans tous les coins - je ne te raconte pas les sons qui sortaient de sa guitare. Tous les sons que je devais l'entendre reproduire plus tard, il les a faits, dans cette pièce, avec une Strat, un Twin, une Maestro Fuzz-Tone, et c'est tout ; il jouait à un volume très poussé. »
Il est repéré au Café Wha? par Chas Chandler, qui lui propose de venir se faire connaître et d'enregistrer son premier single au Royaume-Uni, alors en pleine effervescence musicale avec des groupes comme les Beatles et les Rolling Stones. Jimi Hendrix aurait accepté à condition de rencontrer celui qui apparaît comme la référence britannique de l'époque à la guitare : Eric Clapton. Sur le chemin, il adopte alors définitivement le nom de « Jimi Hendrix » (au lieu de « Jimmy ») sur les conseils de son manager.
Il rencontre Clapton pour la première fois lors d'un concert de Cream (le trio qu'il venait de créer avec Ginger Baker et Jack Bruce) le 1er octobre 1966 au Central London Polytechnic. Considéré comme le meilleur guitariste de blues anglais depuis son passage chez John Mayall, Eric Clapton accepte que Jimi Hendrix les rejoigne sur scène (malgré la réticence de Ginger Baker). Dans son autobiographie, Clapton raconte comment Jimi Hendrix a alors interprété le Killing Floor de Howlin' Wolf ; « Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d'autres figures. C'était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d'artifice à contempler. [...] Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu'arrivait un vrai génie ».
Percée avec le trio The Jimi Hendrix Experience
Formation du trio The Jimi Hendrix Experience (1966)
Peu de temps après son arrivée à Londres, des auditions sont organisées pour trouver les musiciens qui l'accompagneraient. Il recrute dans un premier temps Noel Redding qui postulait pourtant comme guitariste - il ne jouait pas encore de basse alors - au sein des Animals, l'ancien groupe de Chas Chandler.
Peut-être inspiré par Cream, Hendrix décide d'opter pour un trio et s'adjoint les services de Mitch Mitchell. Selon Jon Hiseman (le futur batteur de Colosseum), Mitchell était à ce stade inconnu du cercle des jazzmen de Londres. Amateur d'Elvin Jones et de Max Roach, il officiait auparavant dans un groupe où il n'avait aucune liberté.
Impressionné par Hendrix qu'un de ses amis rencontre dans un club londonien, Johnny Hallyday lui propose de roder son nouveau groupe en faisant sa première partie lors des quatre dates suivantes : le à Évreux, le 14 à Nancy, le 15 à Villerupt et surtout le 18 à Paris à l'Olympia. Cette dernière date est importante : Europe 1 proposait alors une émission appelée Musicorama dont l'équipe a enregistré professionnellement la courte performance du Jimi Hendrix Experience.
Le 16 décembre 1966, Hey Joe marque les débuts discographiques du Jimi Hendrix Experience. Le single entre dans les charts anglais le 5 janvier 1967, et monte même jusqu'à la sixième place. La plupart des biographes s'accordent sur l'intérêt que Chas Chandler, le manager de l'Experience, manifestait pour ce titre avant même de découvrir Jimi Hendrix. C'est donc sans surprise que le choix s'est porté sur la composition de Billy Roberts, que Jimi jouait déjà au Café Wha? avec les Blue Flames. Le 26 décembre, Hendrix compose Purple Haze dans les coulisses d'un club, Chas Chandler comprend aussitôt que l'Experience tient là un tube en puissance. Et les faits lui donnent rapidement raison : publié le 17 mars 1967 en Angleterre, le titre rentre dans les charts dès le 23 mars et culmine même à la troisième place. Au-delà du succès commercial, Purple Haze est avant tout une réussite artistique majeure : Hendrix n'est pas seulement le meilleur instrumentiste de la musique rock, il est aussi un compositeur original dont les conceptions sont révolutionnaires. Hendrix n'a pourtant ni l'inventivité mélodique des Beatles, ni la maîtrise harmonique de John Coltrane, mais dès son deuxième single, il crée un univers musical dépassant ses influences, univers dont la singularité est renforcée par sa maîtrise du studio et des effets. Purple Haze ne ressemble à rien de ce qui a été fait auparavant ; l'« Experience » peut véritablement commencer.
Le troisième single du Jimi Hendrix Experience, The Wind Cries Mary, a été enregistré le même jour que le basic track de Purple Haze. En seulement vingt minutes selon Chas Chandler : la réalité est sans doute un peu différente (enregistrer le basic track, le solo et le chant en aussi peu de temps relèverait de l'exploit), mais il n'en demeure pas moins que ce single est typique de la production de Chas Chandler, et de son mode opératoire : travailler vite et bien. Musicalement, The Wind Cries Mary tranche singulièrement avec les deux premiers singles ; c'est une ballade minimaliste, où se fondent les influences de Bob Dylan et de Curtis Mayfield.
Are You Experienced et Axis : Bold As Love : année mythique (1967)
Le premier album du groupe, Are You Experienced, sort le . Véritable pierre angulaire de la guitare électrique, il partage les instrumentistes entre anciens et modernes. Considéré comme l'un des meilleurs disques de rock par la critique, il constitue non seulement la base du répertoire de l'Experience, mais aussi du trio Hendrix/Redding/Mitchell. Une prise inédite de I Don't Live Today montre que le guitariste se dirigeait vers une musique plus audacieuse encore, que la production de Chandler a sans doute limité, conscient que les plages trop libres étaient autrement moins vendeuses.
Le 4 juin 1967, Hendrix interprète au Saville Theatre de Londres une version du morceau titre de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, le nouvel album des Beatles publié seulement trois jours auparavant. Paul McCartney et George Harrison, présents dans l'assistance, sont impressionnés par la performance, même si le reste du concert est entaché de problèmes d'ordre technique. C'est sur les bons conseils de Paul McCartney que les organisateurs du Monterey International Pop Festival ont invité le Jimi Hendrix Experience, alors au sommet de sa popularité en Angleterre.
Leur performance du 18 juin 1967 est historique ; de virtuellement inconnu aux États-Unis, le groupe est rapidement devenu culte dans les cercles rock, à défaut d'être véritablement connu du grand public. Immortalisée par le film de D. A. Pennebaker, la réputation de showman de Jimi Hendrix était faite pour les années à venir. Pour le meilleur et pour le pire. Car si Monterey est certainement l'un des meilleurs concerts de rock de tous les temps, Jimi Hendrix dégrade son image auprès des musiciens « sérieux » qui le prennent pour un frimeur (même si un Miles Davis ne s'arrête pas à ça), mais aussi vis-à-vis du public qui attend de lui plus souvent un show qu'une performance strictement musicale. Une image particulière reste dans les mémoires ; le moment où il sacrifie sa Stratocaster en l'immolant par le feu avant de la fracasser sur le sol, rite qu'il effectue pour la première fois, sur les conseils du journaliste Keith Altham, le 31 mars 1967 sur la scène du London Astoria sur le titre Fire (brûlé légèrement aux deux mains à cette occasion, il doit être hospitalisé) et qu'il reproduit à la fin du festival de Monterey. Dans l'album Zoot Allures Zappa joue sur la guitare que Jimi Hendrix a brûlée en 1967 sur la scène du Finsbury Astoria à Londres. Après l'avoir récupérée, Zappa l'avait laissée plusieurs années en souvenir dans le garage de ses parents avant de la faire restaurer.
Le groupe enregistre ensuite Burning of the Midnight Lamp, son single suivant, avant d'assurer la première partie des Monkees lors de sa tournée américaine de l'été 1967, à la suite d'une très mauvaise appréciation des publics respectifs des deux groupes par Mike Jeffery, l'autre manager de l'Experience. Le groupe ne remplit toutefois pas ses obligations contractuelles et quitte la tournée avant son terme en prétextant la plainte des Daughters of the American Revolution, une ligue de morale, selon laquelle Hendrix serait trop érotique pour les jeunes fans des Monkees.
Après une série de concerts, le groupe enregistre à Londres de nouvelles compositions qui donnent la matière du deuxième album du groupe, Axis: Bold as Love, publié en décembre 1967. C'est un album très différent de l'opus précédent : Hendrix se concentre ici sur ses talents de guitariste rythmique et d'auteur-compositeur. L'influence de la production de Chas Chandler est encore très présente ; la plupart des titres ne dépassent pas les trois minutes. Dans la foulée, Hendrix enregistre à Londres une reprise du All Along the Watchtower de Bob Dylan.
Electric Ladyland (1968) : dernier album studio de Jimi Hendrix
Après une tournée américaine, Hendrix décide de continuer l'enregistrement de son troisième album au Record Plant, à New York. Hendrix tire profit au maximum des progrès technologiques de l'époque : l'album Electric Ladyland est enregistré sur un magnétophone (analogique, évidemment) de 16 pistes, laissant à son créateur une liberté orchestrale jusqu'alors inespérée. Hendrix, peu conventionnel dans sa manière de travailler, convie régulièrement qui veut bien venir au studio? où les ingénieurs du son doivent presque s'excuser de prendre leur place, nécessairement contraignante d'un point de vue strictement technique. Lors de l'enregistrement de Gypsy Eyes, Chas Chandler jette l'éponge : Hendrix est désormais son propre producteur. Cet enregistrement marque aussi une nette détérioration des rapports qu'il entretient avec Noel Redding, son bassiste. Ce dernier se plaint du peu de place que son leader lui laisse au sein du groupe, mais aussi de la tournure que prennent les sessions, où Hendrix ne semble jamais satisfait des prises enregistrées. Noel Redding ne joue d'ailleurs que sur quelques titres du dernier album de l'Experience. De plus, Hendrix ne se limite pas aux seuls membres de l'Experience en studio et multiplie les rencontres avec des musiciens réputés (Steve Winwood, Chris Wood, Buddy Miles, Jack Casady et Al Kooper) qui se joignent à lui sur des compositions variées et d'une rare richesse : Voodoo Child (Slight Return) et 1983... (A Merman I Should Turn to Be) figurent parmi les œuvres les plus ambitieuses de sa carrière.
Le 7 mars 1968, l'Experience se produit au Steve Paul's Scene où ils exécutent un set assez peu habituel (composé essentiellement de reprises) et se voient contraints de jouer avec un Jim Morrison ivre perturbant le bon déroulement du concert, s'étant invité sur la scène. Entre-temps, l'Experience publie la compilation Smash Hits en avril 1968 en Angleterre, puis l'année suivante aux États-Unis.
Electric Ladyland est le troisième album de Jimi et le dernier de l'Experience, il sort le 25 octobre 1968. L'album-concept de Jimi Hendrix est initialement présenté sous la forme d'un double LP. Electric Ladyland est généralement considéré comme son album le plus abouti, avec de longues plages instrumentales. En répétition comme en concert, l'Experience évolue au fil des mois. Centrées sur des chansons relativement courtes aux débuts du groupe, les performances sont désormais le théâtre de longues improvisations dépassant souvent les dix minutes (cf. la version d'un quart d'heure de Voodoo Chile, 1983 dure 13 min 39 s...).
Période d'errance
Séparation de l'Experience (premier semestre 1969)
Depuis la sortie de l'album Electric Ladyland, les rapports au sein du groupe deviennent plus fluctuants avec les invitations lancées à de nombreux musiciens pour partager un moment (« pour le fun » et l'expérimentation ainsi que le nom du groupe le présage) ; et les sessions d'enregistrement qui s'ensuivent donnent de longues jams informelles (caractéristiques de l'acid rock), plutôt que des compositions rapidement achevées et publiables sur un disque de rock standard.
Le 3 mai 1969, le Jimi Hendrix Experience arrive à 9 heures et demie à l'aéroport international de Pearson à Toronto (Ontario, Canada). Les douanes canadiennes trouvent dans l'un des sacs du guitariste des substances illicites ; il est aussitôt arrêté puis emmené au siège de la police dans le centre-ville de Toronto. Il est libéré contre une caution de 10 000 dollars en espèces et doit comparaître devant le tribunal de Toronto le 5 mai. Les conséquences de cet incident sont désastreuses : Hendrix vivra avec la crainte d'un emprisonnement jusqu'à la fin de l'année 1969.
Après une ultime tournée américaine au printemps 1969, le groupe se sépare après sa performance de Denver, le 29 juin 1969.
Tournée Gypsy Sun & Rainbows (été-automne 1969)
Début juillet 1969, Jimi Hendrix est invité à deux émissions importantes ; le Dick Cavett Show puis le Tonight Show. Il est accompagné par Billy Cox lors de la seconde émission. En fait, cela fait déjà plusieurs semaines qu'il répète et enregistre avec son ancien ami de l'armée. Dans la perspective d'un nouvel album studio, Hendrix s'installe à la Shokan House, à l'écart de l'agitation rencontrée à New York, afin de se concentrer sur son nouveau projet : le Gypsy Sun & Rainbows. En plus de Billy Cox, il rassemble autour de lui Larry Lee à la guitare (qu'il connaît depuis 1963), Juma Sultan et Jerry Velez aux percussions. Hendrix était manifestement intéressé par l'idée de jouer avec des percussionnistes : les percussionnistes de Santana ont ainsi participé à la jam du Tinker Street Cinema début août 1969. La musique produite par le groupe se démarque du rock psychédélique de l'Experience, notamment par les formes musicales plus libres que le groupe expérimente. Mitch Mitchell rencontre Hendrix durant l'été et redevient le batteur du groupe.
Au mois d'août 1969, Jimi Hendrix est l'une des têtes d'affiche du Festival de Woodstock. Il se produit le dernier jour. Malgré le retard pris par le festival, le management de Jimi Hendrix refuse de changer l'ordre d'entrée en scène des groupes. Sans le film, la performance de Jimi Hendrix ne serait certainement pas devenue légendaire : le Gypsy Sun & Rainbows n'entre en scène que le matin du lundi 18 août 1969, ce qui explique un public clairsemé lorsqu'il se produit. Il est primordial de souligner que les mixages des différentes versions audio et vidéo mettent presque systématiquement le trio Hendrix/Cox/Mitchell en avant. Larry Lee est légèrement audible. Quant aux deux percussionnistes, ils sont quasi inaudibles d'un bout à l'autre. Juma Sultan regrettera amèrement le mixage power trio du Gypsy Sun & Rainbows, trouvant dommage d'avoir supprimé le foisonnement de percussions qui accompagne Star Spangled Banner. Inversement, John McDermott défend que le jeu foisonnant de Mitch Mitchell ne se marie pas bien avec celui des deux percussionnistes. Larry Lee revenait alors du Viêt Nam, et n'était certainement pas prêt à un tel évènement : seul son chant opère convenablement. Les deux titres qu'il chante lors de ce concert n'ont toutefois jamais eu les honneurs d'une publication officielle. Si les enregistrements pirates de la performance du Gypsy Sun & Rainbows montrent que le groupe n'était pas toujours en place, il n'empêche que la seconde partie du concert, portée à bout de bras par un Hendrix pourtant épuisé, reste l'un des plus grands moments d'improvisation de la musique rock. L'interprétation de l'hymne américain par le guitariste, véritable Guernica musical est le point d'orgue du festival. Plus proche ici du free jazz que de la musique rock, son approche de la guitare y est totalement révolutionnaire. D'autres guitaristes avaient utilisé le vibrato ou le feedback (comme Jeff Beck au sein des Yardbirds) avant lui. Mais il est le premier à avoir construit un langage inédit reprenant toutes ces techniques comme vocabulaire. Le passage central montre une vision musicale allant largement au-delà de genres établis comme le blues ou le rock : cris, bombes, Hendrix plonge avec sa musique dans l'univers de ses contemporains. Sa maîtrise du feedback sur les ultimes notes montre sa maîtrise des effets sonores (diversité des choix et réactivité instantanée). Avec Star Spangled Banner, Hendrix cristallise toute l'ambiguïté de l'intervention militaire des États-Unis au Viêt Nam.
Le groupe se sépare après quelques séances en studio peu productives (aucun album ne sera tiré de ces séances) et deux autres concerts début septembre. Mitch Mitchell et Billy Cox s'accordent sur le fait que le groupe ne progressait pas musicalement.
Band of Gypsys (fin 1969-début 1970)
Pour la Saint-Sylvestre 1969, au Fillmore East de New York, c'est avec une nouvelle formation que Jimi Hendrix se produit. Le Band of Gypsys est un trio entièrement afro-américain composé de Billy Cox et du batteur Buddy Miles. Jimi Hendrix y dévoile une évolution vers un jeu plus funk et y donne quatre concerts à l'occasion du nouvel an 1970 (les 31 décembre 1969 et le 1er janvier 1970, avec deux concerts par jour). Un album Live, Band of Gypsys, en est tiré : ce sera le dernier album publié de son vivant. La presse rock a été globalement déçue par une œuvre qui marquait, selon elle, un recul créatif vis-à-vis du troisième album de l'Experience (via un retour au rhythm and blues), et qui n'aurait pas dû sortir, de l'avis de Jimi Hendrix lui-même : « Je n'étais pas trop satisfait de l'album Band of Gypsys. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne l'aurais jamais sorti. » L'album est en effet né de problèmes juridiques et non de la volonté initiale du musicien. Inversement, beaucoup voient dans le Band of Gypsys un groupe fondateur jetant les bases de nombreux courants musicaux des années 1970 : rock funk (Parliament/Funkadelic), jazz rock (Miles Davis, Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin), etc. Miles Davis note d'ailleurs dans son autobiobraphie que c'est le groupe de Jimi Hendrix qu'il préférait. Durant les années 2000, la famille Hendrix publiera un double album contenant des enregistrements inédits tirés de cette série de concerts contenant d'excellentes versions.
Le 28 janvier 1970, lors d'un concert donné au Madison Square Garden, dans le cadre du Winter Festival For Peace, le Band of Gypsys doit se produire gratuitement, afin de soutenir des opposants à la guerre du Viêt Nam. Le groupe monte sur scène vers trois heures du matin, dans ce qui s'avèrera être sa dernière performance, et peut-être le plus gros fiasco de toute la carrière de Jimi Hendrix. Après avoir présenté les membres de son groupe, alors qu'une jeune femme réclame Foxy Lady, Hendrix lui répond que « Foxy Lady est assise par là, en sous-vêtement jaunes, sales et tachés de sang. » Le groupe se lance alors dans une version particulièrement peu inspirée de Who Knows. Selon tous les témoins présents ce soir-là, Hendrix n'était pas en état de monter sur scène. Johnny Winter confiera par la suite que, pour lui, « c'était comme s'il était déjà mort. » Manifestement, Hendrix n'est pas dans son état normal : sur Who Knows, contrairement à son habitude, il ne mélange pas guitare et chant. La version qui suit de Earth Blues est encore moins convaincante, Hendrix interpellant ainsi le public alors qu'il s'arrête de jouer : « C'est ce qui arrive lorsque la Terre baise avec l'Espace, n'oubliez jamais ça. Voilà ce qui arrive! » Buddy Miles tenta de calmer le jeu, faisant face à la stupéfaction de l'audience en promettant un retour sur scène qui n'arrivera pas : Hendrix débranche sa Stratocaster et quitte définitivement la scène, laissant à Buddy Miles le soin de gérer la foule. Aujourd'hui encore, la controverse historique reste entière sur ce qui s'est véritablement passé cette nuit-là au Madison Square Garden. Mike Jeffery profita de l'occasion pour virer sur le champ Buddy Miles... ce dernier accusant le manager d'avoir donné à Hendrix une dose de LSD le rendant dans l'incapacité de jouer. D'autres mettent en cause Devon Wilson, une des petites amies de Hendrix. On ne saura probablement jamais le fin mot de l'histoire.
Lors de son interview du 4 février 1970, menée par John Burks pour Rolling Stone (à l'initiative de Mike Jeffery), Hendrix reviendra sur la performance du Madison Square Garden : « C'est comme la fin d'un commencement ou quelque chose comme ça, je pense que le Madison Square Garden est comme la fin d'un long conte de fées. Ce qui est génial [...]. En ce qui me concerne, le Band of Gypsys était formidable. [...] C'est juste histoire de changer de tête, de se renouveler. [...] J'étais très fatigué. » Il précisa ensuite qu'il avait affronté la plus grande guerre intérieure de toute sa vie, et que « ce n'était pas l'endroit pour le faire. »
Retour inachevé et mort
Dernière formation et projet d'un nouvel album (avril à août 1970)
Le concert donné le au L.A. Forum marque le retour de Jimi Hendrix sur le devant de la scène : c'est la première de ce qui s’avérera son ultime tournée américaine (le Cry of Love Tour). Première d'autant plus importante que c'est avec un nouveau groupe que Jimi Hendrix se présente : si Billy Cox est toujours à la basse, Mitch Mitchell est de retour à la batterie. Contrairement à ce que l'interview donnée en février 1970 à John Burks aurait pu faire croire, Jimi Hendrix n'a pas reformé l'Experience avec ses membres d'origine. Le nom de cette formation est d'ailleurs toujours sujet à caution ; « Jimi Hendrix Experience » selon Billy Cox, « Cry of Love Band » pour d'autres, Jimi Hendrix semble n'avoir jamais véritablement clarifié ce point.
Cette tournée marque aussi une reprise en main de sa carrière : Hendrix enregistre en une semaine son nouvel album studio et se produit en concert le week-end, afin de financer les travaux de construction de l'Electric Lady, son propre studio (à parts égales avec Mike Jeffery). Le rythme de cette tournée, autrement plus raisonnable que celui des tournée US précédentes, n'est pas étranger à la qualité tant des sessions studio que des concerts. Les critiques, biographes et journalistes tendent à décrire cette tournée dans des termes pour le moins mitigés. Pourtant, ainsi que John McDermott le souligne dans Setting The Record Straight, la tournée américaine de 1970 marque le retour d'une grande créativité.
Selon Billy Cox, Hendrix n'arrêtait pas de setlists précises : il se contentait de préciser uniquement les premiers titres qu'ils allaient jouer. Le répertoire du groupe est d'ailleurs nettement moins stéréotypé que celui de l'Experience. Jimi Hendrix inaugure le son propre studio d'enregistrement à New York, Electric Lady. Selon la plupart des témoignages, Hendrix aborde les séances avec plus de sérieux que par le passé, même si ses sautes d'humeur et sa relation avec Devon Wilson compliquaient parfois leur bon déroulement. Après des mois de chaos personnel et de doutes artistiques, Hendrix retrouve son inspiration et progresse dans la création de son quatrième album studio. Les sessions comme celles du montrent son renouveau artistique. Sa musique est nettement plus rythmique, plus composée. Hendrix l'architecte prend le pas sur Hendrix l'instrumentiste. La guitare sert le discours, et non l'inverse.
Hendrix n'aura toutefois pas le temps de terminer ce quatrième album First Rays of the New Rising Sun, dont le matériel sera publié dans un premier temps sur The Cry of Love, Rainbow Bridge - Original Motion Picture Sound Track (1971), War Heroes (1972) et Loose Ends (1973). First Rays of the New Rising Sun (1997) présentera la vision que les producteurs ultérieurs de Hendrix avaient de cet ultime album. Historic Performances Recorded at the Monterey International Pop Festival sort le 26 août 1970 par Reprise Records aux États-Unis et par Atlantic Records en France. L'album présente plusieurs chansons issues des concerts d'Otis Redding et de l'Experience au Monterey International Pop Festival le 18 juin 1967. Le concert dans son intégralité ne sera publié qu'en 1986 sur l'album Jimi Plays Monterey puis en 2007 sur Live at Monterey.
Dernière tournée (août-septembre 1970)
Afin de financer le studio qu'il vient d'inaugurer officiellement, Hendrix accepte à contrecœur de se lancer dans ce qui s’avérera être son ultime tournée européenne. Son trio se produit notamment le 30 août au festival de l'île de Wight, au sud de l'Angleterre.
« Pour être franc, c'était un mauvais concert. Je ne peux pas dire si le cœur de Jimi y était. Une chose est certaine, rétrospectivement, c'est que nous aurions vraiment dû répéter une fois. C'est étrange parce que le groupe jouait tellement bien, il était réglé comme une horloge. À ce stade, nous étions tous confiants vis-à-vis de nos jeux respectifs. Il n'y avait aucune raison que le concert soit peu réjouissant. Mais le feeling n'était pas au rendez-vous. » en dira Mitch Mitchell.
La performance du (Aarhus) est pire encore : Hendrix quitte la scène après seulement quelques titres. Hendrix semble très déprimé, et consomme beaucoup de drogues. Il déclare dans un entretien que « Je ne suis pas sûr que j'atteindrai vingt-huit ans. Je veux dire qu'au moment où musicalement, je sentirai que je n'ai plus rien à donner, je ne serai plus de ce monde. » La tournée n'est toutefois pas aussi mauvaise que ces deux évènements pourraient le laisser penser : les concerts des 1er (Göteborg) et (Copenhague) sont en effet remarquables. La santé de Billy Cox oblige toutefois le management du groupe à annuler le reste de la tournée : le concert donné sur l'île de Fehmarn (en Allemagne) dans le cadre du Love and Peace Festival le sera le dernier du trio.
Hendrix regagne Londres, et donne son dernier entretien le . Le , Hendrix rejoint War, le nouveau groupe d'Eric Burdon, au Ronnie Scott's et joue sur deux titres, qui constituent les ultimes enregistrements amateurs du guitariste. Le 17 septembre, veille de sa mort, Hendrix pose pour des photos par sa nouvelle petite amie Monika Danneman.
Mort
Le vendredi , Hendrix est retrouvé mort au Samarkand Hotel (Londres). Les circonstances exactes de sa mort sont incertaines, mais il est probablement mort asphyxié par son vomi, consécutivement à un abus de barbituriques (Vesparax) lié à une prise d'alcool. Néanmoins, James Tappy Wright, son ancien assistant, affirme en 2009 qu'Hendrix aurait été assassiné par son manager Michael Jeffery qui lui aurait fait ingurgiter de force des pilules et de l'alcool. Il est enterré à Seattle, sa ville natale, le , en dépit de sa volonté d'être inhumé à Londres. Il est entré dans le Club des 27 regroupant les figures de la musique mortes à vingt-sept ans.
Albums posthumes
Premiers albums posthumes
En mars 1971, sort le premier album posthume de Hendrix : The Cry of Love, suivi de Rainbow Bridge quelques mois plus tard. Ces albums contiennent les derniers enregistrements studios de Hendrix qui auraient dû figurer sur First Rays of the New Rising Sun qui ne sortira qu'en 1997. C'est Michael Jeffery qui supervise les publications jusqu'en 1974, qui publie également des albums lives (dont l'Ile de Wight ou le Royal Albert Hall) et deux nouveaux albums studios comportant les « fonds de tiroir » dont la qualité baisse sensiblement (War Heroes en 1972, puis Loose Ends en 1974), accompagné d'une baisse commerciale et critique. En effet, ces deux albums mélangent chansons à peu près terminées avec celles qui sont inachevées ou des jams sessions non publiables en l'état.
En 1974, après que Michael Jeffery meurt dans un accident d'avion, l'héritage de Jimi Hendrix est confié à Alan Douglas. Ce dernier publie deux nouveaux albums en 1975 : Crash Landing et Midnight Lightening. Si le premier est un succès commercial, leur sortie provoque une controverse. En effet, Alan a engagé des musiciens de studio pour rejouer des parties mauvaises ou manquantes sur les enregistrements originaux de répétitions (basse, batterie et même guitare de Jimi), voulant les mettre au goût du jour. Ses nouvelles publications dans les années 1980 seront pour la plupart des albums lives, parfois controversés.
En 1995, alors qu'Alan Douglas venait de rééditer les versions remastérisées des trois albums studio de l'Experience, et de publier un nouvel album studio (Blues), il écarte The Cry of Love et décide de le remplacer par Voodoo Soup qui contenait en plus un inédit The New Rising Sun et un mixage différent des autres chansons de l'album. Cette publication provoque une nouvelle controverse auprès des amateurs du guitariste. Pour ces deux publications, Alan Douglas ne fait plus appel aux musiciens de studio grâce au numérique qui permet de remplacer une partie manquante de chanson par une autre partie de la même.
Reprise en main par la famille de Hendrix
En 1997, après qu'Alan Douglas a cédé l'héritage musicale à la famille de Jimi, cette dernière ressort à nouveau les albums de l'Experience remastérisés (avec la fusion des éditions britanniques et américaines de Are You Experienced), et publie la troisième version du dernier album de Hendrix sous son titre original First Rays of the New Rising Sun. Cette sortie sera suivie du controversé South Saturn Delta (qui mélange chansons inédites, non gardées dans l'album précédent et des maquettes par forcément publiables en leur état). Ces deux disques remplacent quasiment à eux seuls les quatre albums publiés par Jeffery dans les années 1970. Après cela, la famille publie dans les années suivantes une série de live (qui remplacent ceux d'Alan) et deux coffret mélangeant inédits et chansons connues (studio et live) retraçant la carrière du guitariste (The Jimi Hendrix Experience en 2000 et West Coast Seattle Boy en 2010). De plus, de nombreuses jam sessions sont publiées à travers le label Dagger Records sous forme d'albums pirates officiels.
Dans les années 2010, trois albums studios sont publiés avec des enregistrements inédits, datant pour la plupart de l'année 1969 : Valleys of Neptune, People, Hell & Angels et Both Sides of the Sky.
Influences
« Pour jouer le Rhythm & Blues, Hendrix était de loin le plus grand expert que j'ai pu entendre dans le style de musique développé par Bobby Womack, Curtis Mayfield et Eric Gale, entre autres. J'ai l'impression qu'il n'y avait aucun style de guitare qu'il n'ait soit entendu, soit étudié, y compris la guitare hawaïenne et la dobro. Dans son jeu, on pouvait clairement entendre Curtis Mayfield, Wes Montgomery, Albert King, B.B. King et Muddy Waters. Jimi était le plus black des guitaristes. Sa musique émanait des formes musicales les plus anciennes, pré-blues, comme ce qu'on chante pendant le travail de la terre ou les mélodies gospel. D'après ce que j'ai pu recueillir, il n'y avait pas de genre de musique noire qu'il n'ait écouté ou étudié, mais il aimait surtout les formes anciennes de la musique noire, et ça transpirait de son jeu. On a souvent parlé de Son House et de vieux bluesmen, mais ce qui l'épatait, c'était les vieux disques de Muddy Waters et John Lee Hooker où la guitare est énormément amplifiée par le studio, pour lui donner une présence qu'elle n'avait pas en réalité. Il connaissait ça : on peut entendre tous les trucs de John Lee Hooker et Muddy Waters sur la version longue de Voodoo Child (Electric Ladyland). Je ne l'ai jamais entendu jouer quoi que ce soit qui ressemble à du jazz, mais je l'ai entendu jouer comme Mahavishnu (John McLaughlin). Il cherchait à jouer des mélodies avec un sustain permanent ; il était plongé dans le feedback depuis les Yardbirds et autres groupes anglais. Je crois même l'avoir entendu parler de Beck's Bolero. »
? Mike Bloomfield, Série Guitare & Claviers 1990
Le blues constitue la base du vocabulaire guitaristique utilisé par Jimi Hendrix. Il reprend les techniques des grands bluesmen qui permettent de développer un jeu expressif, mais aussi leur langage harmonique où l'ambiguïté majeur/mineur joue un rôle important. Il est difficile d'établir une liste exhaustive des guitaristes de blues ayant influencé Hendrix. On peut toutefois se faire une idée assez précise de ses principales influences via les reprises qu'il joua en concert ou en club, mais aussi des entretiens qu'il accorda : Albert King (Born Under a Bad Sign), B.B. King (Rock Me Baby), Elmore James (Bleeding Heart), Hubert Sumlin, le guitariste de Howlin' Wolf (Killing Floor), Freddie King (San-Ho-Zay), Muddy Waters (Hoochie Coochie Man & Catfish Blues), Albert Collins (Drivin' South), mais aussi Buddy Guy, John Lee Hooker ou Robert Johnson. Le 9 octobre 1967 à Paris à l'Olympia, il interpelle ainsi le public ; « Avez-vous entendu parler de Muddy Waters ? Et de John Lee Hooker ? »
Son style de guitare rythmique, tel qu'on peut l'entendre sur Little Wing ou Bold as Love, est inspiré, en plus complexe, de celui développé par Curtis Mayfield, reconnu par Hendrix comme l'une de ses influences majeures.
Bob Dylan, dont il reprendra plusieurs morceaux (All Along the Watchtower, Like a Rolling Stone, Drifter's Escape et Can You Please Crawl Out Your Window), influencera Hendrix en tant qu'auteur, mais aussi en tant que chanteur : la technique vocale limitée de ce dernier lui donnera confiance en sa propre voix.
Hendrix est aussi influencé par le rock anglais. D'une part, il reprit le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles à plusieurs reprises, mais il poussa plus loin des idées développées sur l'album Revolver publié en 1966 : certaines bandes sont passées à l'envers sur Tomorrow Never Knows, dont Hendrix reprendra le thème en concert. Le titre Are You Experienced reprend ce type de procédé, de façon encore plus poussée. Hendrix reprit à plusieurs reprises Sunshine of Your Love de Cream (citant régulièrement le solo de Clapton) et s'est peut-être inspiré du feedback tel que Jeff Beck l'utilisait au sein des Yardbirds. Il utilise d'ailleurs le riff du Rice Pudding du Jeff Beck Group pour conclure l'une de ses compositions (In From the Storm). Enfin, il n'est pas exclu que Jimi Hendrix ait été influencé par les prestations scéniques des Who, dont Pete Townshend, le guitariste, utilisait des amplis Marshall avant lui.
Au cours des dernières années de sa vie, Hendrix s'intéresse de plus en plus au jazz, jouant avec Roland Kirk, enregistrant avec Larry Young, John McLaughlin et Dave Holland, qui participèrent aux premiers enregistrements électriques de Miles Davis, avec lequel Hendrix commençait à entretenir certains rapports. À la fin de sa vie, il avait prévu d'enregistrer avec Gil Evans. À l'écoute de sa version de l'hymne américain ou de « Machine Gun », il est difficile de ne pas faire le lien avec le free jazz et sa volonté de libérer l'improvisateur des contraintes harmoniques et rythmiques.
Héritage
?uvre
Jimi Hendrix n'a publié de son vivant que quatre albums (trois albums studio et un album en public) : Are You Experienced, Axis: Bold as Love, Electric Ladyland et le Band of Gypsys. Ces quatre albums sont des classiques de la musique rock. Mais il laisse derrière lui des centaines d'heures d'enregistrements, de natures très diverses : compositions sur lesquelles il travaillait dans la perspective de publier son quatrième album studio, ébauches plus ou moins embryonnaires de compositions en devenir, démos personnelles enregistrées chez lui, jams en studio ou en concert, concerts enregistrés professionnellement ou par des amateurs.
La qualité de ces enregistrements, tant musicale que technique, est tout à fait variable. La discographie officielle de Jimi Hendrix est particulièrement complexe, et très inégale : certains albums ont été publiés en dépit de toute considération artistique. Parmi les albums posthumes salués majoritairement par la critique et les amateurs on trouve : The Cry of Love (dont on retrouve l'intégralité du matériel sur First Rays of the New Rising Sun), Rainbow Bridge - Original Motion Picture Sound Track et Blues pour les albums studio, Live at Monterey, les enregistrements consacrés au concert du Royal Albert Hall du 24 février 1969, Live at Woodstock et Live at Berkeley pour les albums en concert.
Popularisation de la guitare électrique
« Je me revois attendant anxieusement de voir Jimi jouer de près car, pour l'avoir vu en concert, je pensais qu'il devait avoir un truc mystérieux construit dans sa guitare afin d'obtenir tous ces incroyables sons. J'ai vite découvert qu'en fait, il n'utilisait qu'une vieille Strat et des amplis Marshall. Il avait quelques gadgets comme l'UniVibe, la Fuzz Face et la Cry Baby, mais tous ces articles étaient disponibles partout dans le commerce. La magie, à vrai dire, provenait uniquement de ses doigts. »
? Harvey Mandel, Hors-série Guitare et Claviers 1990.
Hendrix a révolutionné l'approche de la guitare électrique, notamment par son utilisation des pédales d'effet et des ressources de l'amplification. Au début de l'Experience, il combine la saturation des amplificateurs à lampes (en jouant à un haut volume sonore) avec la Fuzz Face, une pédale de saturation provoquant un fort écrêtage du son. Cela lui permettait de générer du feedback (dû au larsen de ses amplificateurs) qu'il pouvait contrôler en temps réel grâce à son levier de vibrato ou sa technique de main droite. Roger Mayer construira pour lui l'Octavia (une pédale de saturation jouant sur les fréquences en doublant à l'octave supérieure) qu'il utilisera dès l'enregistrement de Purple Haze, puis avec le Band of Gypsys. Hendrix est l'un des premiers à utiliser la pédale wah-wah (en 1967). Il est selon Larry Coryell « le premier à l'avoir abordée sérieusement et à y avoir passé des heures de pratique ». En concert, Hendrix n'utilisait toutefois qu'un nombre réduit d'effets, y compris en 1970 : une wah wah Vox, l'Octavia de Roger Mayer, la Fuzz Face Arbiter et l'Uni-Vibe. En studio, Hendrix élargira sa palette de timbres avec l'aide de son ingénieur du son habituel, le Britannique Eddie Kramer, qui contribua à l'élaboration du phasing, mais aussi au fait de passer les bandes à l'envers.
Comme le dit le magazine américain Rolling Stone : « Au-delà de ça, si Hendrix fascinait tant, c'est bien parce qu'il ne donnait jamais le sentiment d'interpréter, mais bel et bien de toujours incarner, de faire corps avec cette musique qui lui venait « d'on ne sait où » et qu'il avait tant de mal à traduire, même guitare en main, lui qui regrettait si souvent ne pas savoir lire la musique ». Ne déclarait-il pas en mars 1970 à Rolling Stone : « La plupart du temps, je suis couché, c'est comme un rêve éveillé et j'entends toute cette musique. Et si je prends une guitare pour essayer de traduire tout ce que j'entends, ça fout tout en l'air. Je ne suis pas assez bon à la guitare pour rassembler toute cette musique... », Xavier Bonnet ajoute « Pas assez bon à la guitare ? Et le pire c'est qu'il devait en être persuadé ».
En 2003, il est élu meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone dans le classement des 100 Meilleurs guitaristes de tous les temps.
Impact sur ses contemporains
- « Jimi m'a influencé, comme il a, je pense, influencé tous les guitaristes. Il était révolutionnaire. Et, tandis que nous expérimentions tous dans les ann&eacu
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